Le diabète de type 2 (DT2) est une maladie évolutive nécessitant, dans certains cas, le recours à une insulinothérapie. En France, l’étude ENTRED3 (Échantillon National Témoin Représentatif des personnes Diabétiques) rapporte que 22,5% des personnes vivant avec un DT2 sont traitées par insuline. Parmi ces patients, l’utilisation des nouvelles technologies du diabète tant pour l’administration d’insuline (pompe à insuline sous-cutanée) que pour la surveillance glycémique (mesure continue du glucose [MCG]) a démontré un bénéfice sur le contrôle métabolique comparé à un traitement par multi-injections d’insuline (MDI) ou à une mesure capillaire de la glycémie, respectivement [1,2]. Dernière avancée technologique en date, la délivrance automatisée d’insuline ou boucle fermée hybride (BFH) a montré sa supériorité dans la prise en charge du diabète de type 1 par rapport aux autres modalités thérapeutiques (MDI ou pompe à insuline associée à une MCG) [3]. Dans le DT2, peu d’études sont aujourd’hui disponibles quant à l’impact de la BFH sur l’équilibre glycémique. Une méta-analyse récente démontre une amélioration du temps dans la cible associée à une réduction du temps passé en hyperglycémie, sans différence sur la survenue des hypoglycémies par la BFH en comparaison à un traitement par MDI, seule stratégie comparée à la BFH [4].
L’objectif de cette étude était d’évaluer si un dispositif de BFH améliorait le contrôle glycémique par rapport à un traitement par pompe associée à une MCG chez des patients vivant avec un DT2, antérieurement traités par pompe à insuline sous-cutanée, dans leurs conditions de vie habituelles.
Les auteurs ont mené un essai croisé, randomisé, en ouvert, multicentrique sur 13 semaines chez 17 adultes vivant avec un DT2 et traités par pompe à insuline sous-cutanée. Les principaux critères d’inclusion étaient : poids ≤150 kg, traitement par pompe depuis au moins 6 mois, utilisation d’une MCG, dose d’insuline quotidienne <160UI et HbA1c < 10%. Les patients vivant avec un DT1, avec une dose d’insuline quotidienne < 8UI, ou présentant des pathologies susceptibles d’interférer avec le contrôle métabolique ou une complication chronique non stabilisée (susceptible d’être aggravée par un meilleur équilibre glycémique) étaient exclus. Le critère principal de jugement était la différence de pourcentage de temps dans la cible (70–180 mg/dL). Les critères secondaires comprenaient les autres métriques de la MCG (GMI, temps passé en hyperglycémie, temps en hypoglycémie, variabilité glycémique, etc.), la dose moyenne quotidienne d’insuline, l’activité et le sommeil (objectivés par une actimétrie d’une semaine) et la satisfaction des patients. La BFH consistait en l’utilisation du système DBLG1 (pompe AccuChek Insight® et DexcomG6®). Pendant la période de l’étude sans BFH, les patients bénéficiaient également d’une MCG par DexcomG6®.
Au total, 17 patients ont été inclus dans l’analyse finale parmi lesquels 9 ont reçu 6 semaines de traitement par pompe + MCG en premier et 8 ont reçu 6 semaines de thérapie par BFH en premier. Les caractéristiques des patients étaient les suivantes : âge moyen de 63 ans (écart-type [ET] ± 9 ans), 65% d’hommes, indice de masse corporel moyen à 32 kg/m2 (ET ± 4 kg/m²), durée moyenne du diabète de 24 ans (ET ± 9 ans), HbA1c moyenne à l’inclusion à 7,9% (ET ± 0,9%) avec un temps dans la cible moyen de 58,9% (ET ± 20,1%). Le pourcentage médian de temps dans la cible, critère de jugement principal, était de 61,0% (Intervalle Interquartile [IQR] : 55,0-70,0) pendant la période pompe + MCG contre 76,0% (IQR : 69,0-84,0) pendant la période BFH soit une différence médiane significative de 15,0% (IQR : 8,0-22,0; P < 0,001) entre les 2 périodes. Parmi les critères secondaires, le traitement par BFH a permis une réduction significative de la moyenne glycémique, du temps passé en hyperglycémie, de la variabilité glycémique ou du GMI sans augmentation significative du temps passé en hypoglycémie. Une augmentation significative de la dose quotidienne d’insuline a été observée pendant la période BFH sans conséquence sur le plan pondéral. Enfin, les analyses ont également montré une amélioration de la qualité du sommeil pendant le traitement par BFH.
Ces résultats démontrent que le traitement par BFH apporte un bénéfice dans la prise en charge du DT2 chez des patients déjà traités de manière optimale par pompe à insuline + MCG en augmentant le pourcentage de temps passé dans la cible de 15,0% sans augmentation du risque d’hypoglycémie. Outre les résultats concernant l’équilibre glycémique, le traitement par BFH dans cette étude est également associé à une amélioration de la qualité du sommeil, paramètre important dans la prise en charge globale du DT2. Des limites sont néanmoins à souligner : 1) l’inclusion de patients avec une dose d’insuline quotidienne <160UI/24h et un poids ≤ 150 kg, eu égard aux capacités du réservoir de pompe ; 2) la courte durée de l’intervention ; et 3) le faible nombre de patients.
Cette étude montre que la thérapie par BFH pourrait améliorer le contrôle glycémique chez des personnes avec DT2 déjà traitées de manière optimale par pompe à insuline + MCG. Des études complémentaires sont maintenant nécessaires à plus long terme pour évaluer les avantages d’une telle stratégie thérapeutique en termes de contrôle glycémique, de qualité de vie, de satisfaction ou encore de prévention des complications du diabète.
Références
from Société Francophone du Diabète https://ift.tt/cY8IO02