mardi 31 mai 2016

Di@bTest 22 – Pompe à insuline Cellnovo

La pompe à insuline Cellnovo est arrivée à la rédaction de VivreAvecUnDiabete.com hier ! Déballage de celle-ci dans ce Di@bTest #22 !

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vendredi 27 mai 2016

Les fonctions cognitives sont-elles plus altérées chez les patients diabétiques avec atteinte du pied ?

Auteur : 
Kamel Mohammedi
Date Publication : 
Mai 2016
 
Article du mois en accès libre
 
Natovich R, et al. Cognitive Dysfunction: Part and Parcel of the Diabetic Foot. Diabetes Care 2016 May (ahead of print). doi: 10.2337/dc15-2838
 

 

Le « pied diabétique » est une complication fréquente et sévère, responsable d’un taux élevé d’amputation et de complications infectieuses et associée à un risque élevé de mortalité [1]. En plus d’une prise en charge thérapeutique multidisciplinaire, le traitement des problèmes de pied diabétique nécessite en amont une éducation appropriée des patients. Les recommandations des sociétés savantes proposent d’impliquer le patient diabétique dans la prise en charge de sa maladie [2]. Une étude antérieure a montré que la gestion quotidienne du diabète dépend des fonctions cognitives du patient [3]. Les patients diabétiques présentant une atteinte du pied ont besoin d’acquérir des connaissances nécessaires pour prendre les décisions appropriées permettant d’éviter l’aggravation des lésions, et d’optimiser la cicatrisation. L’adhésion du patient à ce projet thérapeutique nécessite de bonnes performances cognitives.

L’objectif de la présente étude était de comparer les fonctions cognitives chez des patients diabétiques présentant une atteinte du pied par rapport à des témoins diabétiques appariés pour le sexe et l’ancienneté du diabète. Cette étude cas-témoins a inclus des diabétiques de type 2, âgés de 45 à 75 ans, et capables de lire et d’écrire. Les troubles visuels et auditifs, les déficits moteurs et cognitifs, ainsi que l’insuffisance rénale et hépatique ont été considérés comme des critères de non-inclusion. Tous les participants ont bénéficié d’une évaluation cognitive exhaustive durant 90 minutes. Deux batteries de tests ont été réalisées : le test Neurotrax (computerized neuropsychological battery of tests), une version informatisée du MMS (Mini Mental Status), et des tests dits "papier-crayon". Neurotrax permet une détection précoce des formes modérées de déficits cognitifs et de démence. Ce test estime le score cognitif global en évaluant les principales fonctions cognitives (mémoire, attention, concentration, habileté psychomotrice, vitesse motrice, et fonctionnement exécutif), et le quotient intellectuel non verbal. Les tests "papier-crayon" utilisent (i) le test de codage DSST (Digit Symbol Substitution Test) qui évalue la mémoire à court terme, et les capacités d’apprentissage, d’attention, et de concentration ; et (ii) le test de capacité d’expression verbale (production verbale, mémoire sémantique, et langage). Tous les tests ont été standardisés sur l’âge et le niveau d’instruction (évalué selon le nombre d’années d’étude). D’autres données cliniques (dépression, dyslipidémie, hypertension artérielle, et complications micro- et macrovasculaires) ont été également collectées.

Au total, 99 patients avec « pied diabétique » et 95 contrôles diabétiques ont été recrutés. Les patients avec « pied diabétique » étaient plus jeunes, avaient un niveau d’instruction plus faible, un IMC et une HbA1c plus élevés, et des complications du diabète plus fréquentes. Comparés aux contrôles, les patients présentant une atteinte du pied avaient un score cognitif global inférieur (89,9 vs. 99,6, p < 0,001). Les scores de mémoire (89,9 vs. 98,4), attention et concentration (90,3 vs. 98,9), délai de réaction (91,7 vs. 100,1), fonctionnement exécutif (91,3 vs. 100,0), habileté psychomotrice (88,9 vs. 101,4), aisance verbale phonétique (72,8 vs. 91,5) et sémantique (82,2 vs. 95,8), et DSST (79,3 vs. 94,2) étaient plus faibles dans le groupe « pied diabétique » comparé au groupe contrôle (p < 0,001 pour toutes les comparaisons). Les différences significatives persistaient dans plusieurs modèles de régression ajustés sur des variables potentiellement confondantes (IMC, HbA1c, symptômes dépressifs, tabagisme, maladie macrovasculaire, rétinopathie, et néphropathie). En revanche, le score de fonctionnement cognitif prémorbide (évaluation de la phase prodromique avant l’établissement du diagnostic du trouble cognitif) était similaire dans les deux groupes (p = 0,22). Enfin, les patients du groupe « pied diabétique » avaient une différence significative entre le fonctionnement prémorbide et le score cognitif global (p = 0,001), alors que cette différence n’a pas été observée chez les témoins, suggérant ainsi une baisse des fonctions cognitives chez les premiers, et leur stabilité chez les seconds.

Ce travail montre que les patients diabétiques atteints de problèmes de pied ont des fonctions cognitives plus altérées par rapport aux patients diabétiques indemnes de complications podologiques. Ils ont des capacités de mémoire et de concentration diminuées, et des réponses cognitives et psychomotrices plus lentes. Ils ont également plus de difficultés d’apprentissage et une moindre aisance verbale. Ces troubles cognitifs peuvent clairement retentir sur la réussite de l’éducation thérapeutique des patients, avec une mauvaise compréhension et mise en application des recommandations médicales, mettant ainsi en péril le projet thérapeutique. Une étude antérieure a montré que les troubles cognitifs étaient négativement associés à la reprise de la marche après amputation, à l’observance des prothèses prescrites, et au maintien de l’autonomie physique [4]. Inversement, des fonctions cognitives plus performantes ont été associées à une meilleure mobilité et une intégration sociale satisfaisante [5].

Cette étude originale aborde une question particulièrement intéressante tant pour les patients que pour le personnel soignant. Néanmoins, elle présente un certain nombre de limites méthodologiques, notamment son aspect transversal, ainsi que son faible effectif. Il serait plus intéressant de mener des études prospectives afin de déterminer l’effet du contrôle du diabète et des autres facteurs de risque cardiovasculaires sur cette association. La présente étude est également inappropriée pour conclure sur un éventuel lien de causalité entre les troubles cognitifs et le pied diabétique.

Au total, les résultats de cette étude nous encouragent à évaluer les fonctions cognitives de nos patients diabétiques présentant une atteinte du pied afin de leur proposer un projet thérapeutique individualisé en adaptant les soins procurés et l’appareillage de décharge recommandés selon leurs propres ressources cognitives.

 

Références

[1] Boulton AJ, et al. The global burden of diabetic foot disease. Lancet. 2005 Nov 12 ;366(9498):1719-24.
 
[2] American Diabetes Association. Standards of medical care in diabetes-2015 abridged for primary care providers. Clin Diabetes 2015 ;33:97–111.
 
[3] Primožič S, et al. Specific cognitive abilities are associated with diabetes self-management behavior among patients with type 2 diabetes. Diabetes Res Clin Pract 2012;95:48–54.
 
[4] Sansam K, et al. Predicting walking ability following lower limb amputation: a systematic review of the literature. J Rehabil Med 2009;41:593–603.
 
[5] Williams RM, Turner AP, Green M, et al. Relationship between cognition and functional outcomes after dysvascular lower extremity amputation: a prospective study. Am J Phys Med Rehabil 2015;94:707–717.
 
 
 


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